Feuille de personnage

I-Naissance:

Un Harekawa s'éveille lorsqu'une forêt acquiert une âme, une volonté propre tant son réseau de vie est grand. Cette conscience se matérialise sous la forme d'un esprit qui sera sa force, sa volonté et sa vie.
Aussi je suis né de cette même manière, mon esprit s'est formé dans une des grandes forêts au Nord de l'île d'Hokkaido, au Japon, alors que celle-ci abritait 600 milliards d'êtres vivants au XVII^ème siècle.
J'ai été accueilli dans la communauté des autres Harekawas, et ma première centaine d'année s'est déroulée sans encombres. Ma forêt étant trop loin de ville ou villages, les hommes ne s'en approchaient que rarement et je pouvais veiller à son développement.
C'est aux alentours de 1840 que j'ai dû faire face aux premières intrusions, et en 1898 qu'un groupe d'humains, chassant quelques gibiers, en sont venus à tuer dans mon territoire.
Moi qui avais vécu dans la paix pendant presque trois siècles déjà, je n'avais encore jamais fait face à la colère que les meurtres commis par les humains pouvaient engendrer chez nous.
Je les ai massacrés, simplement et sans pitié. La fureur passée, j'étais à genoux, encore abasourdi par la violence qui s'était déchaînée en moi. Et c'est à cet instant qu'ils se sont manifestés.

II-L'Assemblée:

Mes mains étaient couvertes de sang, de leur sang... ces cadavres au sol, des humains que j'avais tués. Mon esprit trop bouleversé ne perçut pas tout de suite leur présence, et je ne les ressentis que lorsqu'ils m'eurent trouvé.
Au moment où je les aperçus, je me relevais, changeant mon aspect pour devenir un ours gigantesque et gronder devant les intrus.
"-Pas de ça avec nous, nous savons parfaitement qui vous êtes.
Je baissais ma garde, intrigué.
-Nous sommes ici pour vous proposer une alliance, un marché.
Ils étaient deux, une forme humaine mais leur aura m'indiquait clairement qu'ils étaient d'origine surnaturelle.
-Que voulez vous? Leur répondis-je
-Que vous nous rejoigniez. Nous vous invitons à prendre part à notre organisation: l'Assemblée.
-Qu'est-ce que c'est?
-Un groupe d'êtres comme vous et nous qui ne cherche qu'à retrouver la gloire qui était la nôtre dans les anciens temps.
-La gloire?
-Oui, parfaitement. Vous êtes suffisamment âgé pour savoir que les êtres surnaturels sont... enfin étaient très nombreux, et les dieux très puissants il y quelques siècles encore. Mais les humains se détournent de nous, des anciennes valeurs que nous leurs avions enseignées, ils sont de plus en plus nombreux, et ne croient plus en nous, ou pire, nous chassent et nous tuent. Les villes grandissent, les croyances s'épuisent, et les grands dieux perdent de leur pouvoir. Il est grand temps de changer cela, et d'inverser cette tendance. Vous joindrez-vous à nous?
-Quel est votre but réel? Revenir aux temps anciens? Les Harekawas savent parfaitement que ce n'est pas possible. On n'arrête pas la course du temps.
-Non, nous voulons éradiquer le genre humain. Son règne sur ce monde n'a que trop duré.
-... " Je restai sans voix devant cette déclaration... Décimer toute une race? Ils voulaient attiser cette haine qui habitait mon espèce lorsque notre forêt subit des dommages pour leur fin. Non!
-Je suis navré mais non, je ne serai pas des vôtres. La nature se suffit à elle-même pour juger et équilibrer l'ordre des choses. Si les humains doivent mourir, ils mourront d'eux-mêmes, et leur espèce s’éteindra. Sinon, ils perdureront.
-C'est bien malheureux... sachez qu'en refusant notre offre, vous devenez un potentiel ennemi à notre cause.
-Et bien soit, mais partez, vous qui êtes venus en cet instant, vous savez exactement ce qu'est la colère d'un Harekawa. Partez, et ne revenez plus.

III-Le monde et les dieux:

Durant le siècle qui suivit, les choses n'ont fait qu'empirer, les humains qui foulaient le sol de ma forêt se firent plus nombreux, et lorsque certains tentèrent d'abattre un de mes arbres, la colère et la fureur apparurent de nouveau. Je dus tuer pour protéger mon domaine, encore et encore.
Un jour de printemps 1927, une puissante présence fit son apparition à l’orée de mon être, je me rendis donc à la lisière du bois pour y trouver un grand cerf qui me saluait lorsque j’apparus devant lui sous forme d'un renard blanc.
"-Nous devons parler Erevan. Les Harekawas du monde entier se rassemblent pour évoquer ce qui sera sans doute les deux plus grands accords de toute notre existence.
-Vous êtes le seigneur des forêts de Honshu ? Fis-je, en remarquant un symbole sur un bois et reconnaissant la marque du Seigneur du Sud.
-Oui, je m'appelle Hinokawa tu dois m'accompagner, mais je vais t'apprendre à te protéger alors que nous voyagerons.
Les jours qui suivirent, il m'enseigna une magie de l'esprit qui force la volonté des humains, les dissuadant de s'approcher de ma forêt, puis nous partîmes vers le Sud, sous forme d'oiseaux.
A mesure que je m'éloignais de mon domaine, je sentais mes forces me quitter, mon esprit et ma magie s'affaiblir et nous dûmes nous arrêter à plusieurs reprises.
Hinokawa me guida à travers les terres pour passer dans plusieurs Ombres, afin de rejoindre le lieu où les Harekawas devaient se réunir. Après plusieurs jours de voyage, nous arrivâmes enfin à la frontière de l'Ombre dans laquelle la réunion devait se dérouler. Hinokawa ouvrit cette porte en usant de sa magie, puis nous passâmes de l'autre côté.
Je découvris une vaste grotte verdoyante dont les flancs avaient étés taillés en alcôves et en gradins où étaient réunis des centaines de créatures surnaturelles, certaines dont les auras étaient si puissantes que je pouvais les sentir de l'autre côté de la grotte qui devait mesurer au bas-mot une centaine de mètres de diamètre. D'abord abasourdi par le nombre de créatures qui s'étaient rassemblées ici, je me ressaisis pour suivre Hinokawa qui s'était avancé, se dirigeant vers un groupe, composé à première vue d'une majorité d'Harekawas. Je les saluai ils en firent de même.
"-Il ne manque que les retardataires, nous allons pouvoir commencer" fit Hinokawa. Les autres approuvèrent en silence. Un profond grondement se fit alors entendre dans toute la caverne, et les brouhahas se turent petit à petit dans les gradins et alcôves taillées dans la pierre.
Etant tous assis, un des nôtres se leva et pris la parole:
"-Mes frères, nous sommes réunis ici à la demande des Anciens, dieux et démons de ce monde.
Le monde tel que nous le connaissons est en train de changer plus rapidement que ce que nous avions imaginé. La croyance des humains en les Anciens est à présent si faible qu'ils s'affaiblissent. Ils sont donc venus nous présenter leur requête."
Il s'écarta, et des gradins descendirent les auras que j'avais senti plus tôt:
Les Anciens, une grande partie de ceux dont j'avais entendu parlé, se tenaient ici, au centre de cette gigantesque caverne, réunis, ce qui n'était encore jamais arrivé. Certains manquaient mais je reconnus Zeus, Héra, Déméter, Poséidon, Skadi, Baldr, Odin, Thor, Ganesh, Shiva, Kali, Bastet, Isis, Osiris, Anubis, Gaïa, Ouranos, Coatlicue, Tlaloc, et bien d'autres qui s’avançaient... se jetant des regards... pas forcément amicaux.
"-Nous sommes ici pour vous demander un don précieux, mais que nous saurons récompenser gracieusement!" La voix de Zeus tonna dans tout l'espace.
-Nous venons vous demander l'Essence des Arbres, de partager ses bienfaits avec nous, dont l'immortalité est à présent menacée."
La déclaration fit monter une longue série de commentaires provenant de toutes parts.
Le Harekawa reprit la parole:
"-Nous devons également songer à nous-mêmes mes frères, et alors que les humains ont déjà tué un millier des nôtres, nous devons protéger nos domaines." Suite à toutes ces déclarations, nous nous rassemblâmes dans une alcôve plus modeste pour en discuter. Environ 3000 Harekawas étaient assis dans les gradins de pierre, et parlaient entre-eux.

Nous ne pouvions laisser les Anciens périr lentement, aussi un accord fut conclu: Nous leur offrirons l'Essence des Arbres, une substance créée au cœur de nos forêts et qui peut donner une immortalité temporaire à un être, en échange, les Anciens nous donneront de quoi créer une grande société fantôme sur Terre: Sirpe Ambaro
Celle-ci nous permettrait de protéger nos forêts des manières les plus efficaces en court-circuitant les opérations des humains de l’intérieur de leur système, en agissant à leur manière, en profitant de leur économie et de leur attrait pour les richesses.

En annonçant notre décision, une deuxième demande fut prononcée par différentes créatures en lien avec la faune et la flore, nous demandant l'asile dans nos domaines lorsque leur vie serait menacée par les activité humaines, ce qui arriverait tôt ou tard. Cet asile fut accepté à condition qu'ils ne perturbent pas les vies déjà présentes dans nos forêts.

IV-Nuve Ambaro:

Tous les Harekawas se sont investi dans cette gigantesque entreprise de protection, et lorsque les premières ressources et effets d'influence nous sont arrivés des Anciens, nous avons commencé à œuvrer pour nos domaines, rachetant des terrains, des compagnies du bois, privatisant des zones, faisant concurrence à des sociétés visant à détruire des forêts, aidant certains groupes.
En protégeant nos intérêts, Nuve Ambaro est rapidement devenu un empire commercial, basé sur le bois, les plantes, la pharmaceutique. Notre pouvoir nous a également aidé, certains ont même créé des Ombres de taille modeste pour y récupérer certaines ressources rares.
Nous ne vendons que très peu aux humains, surtout le papier et le bois qui nous servent de couverture financière, ce qui n'est pas du goût de tous nos frères, mais une nécessité pour survivre.
Les autres ressources sont vendues aux surnaturels, et servent à financer nos OPA et offres économiques dans le monde entier.

V-La Louve :

Durant l’hiver 1985, j'étais rentré dans mon domaine à coté duquel j'avais fait offrir une parcelle à un temple Taoïste pour qu'ils sanctuarisent toute la foret, empêchant ainsi toute action humaine à son encontre. Les japonais respectent encore les lieux sacrés pour le moment.
J'avais atteint les 1200 billions d'êtres vivants, dont 1 million d'êtres surnaturels, mon pouvoir était grand, et malgré la population humaine grandissante, j'étais plus puissant que je ne l'avais jamais été à mon retour en mon être. Me promenant avec délice dans les bois endormis, je saluai les animaux et créatures qui ne dormaient pas en cette période glacée, la neige avait recouvert toute la montagne.
J’errais dans le silence, quand une présence, un être surnaturel de ce que je pouvais sentir, passa la frontière Sud de la forêt. Je gardai une part de mon esprit pour le surveiller, mais ne commençai à m'inquiéter que lorsqu'elle, une louve, s'approcha de mon sanctuaire. En quelques heures seulement, elle avait trouvé le cœur de la forêt, et s'y dirigeait d'un pas qui semblait décidé.
Alors qu'elle s’arrêtait devant quelques plantes, elle prit forme humaine pour les ramasser, je parus devant elle :
« -Tu ne devrais pas être dans cette forêt, et encore moins en ces lieux, fille du Grand Loup. »
Elle en portait clairement les signes, et son tatouage la distinguait de son frère Hati.
D'abord surprise, elle se redressa, ramassa ses affaires, et partit... pour cueillir une autre plante un peu plus loin.
Une petite graine d'énervement pointa en moi... Je pris une forme humanoïde et j'attrapai un énorme entremêlement de branches que je projetai sur elle. Ayant anticipé son esquive, je me plaçai sur sa trajectoire pour l'intercepter, mais elle esquiva encore et me fit face :
"-Hey tu pourrais partager un peu !"
"Tout ce qui est ici est une part de mon être, donc personne n'y touche", et je lançai un coup vers elle... ma paume brillait d'une lueur verte.
Après encore quelques esquives, je parvins à la maîtriser et lui voler un peu de vitalité en paiement. Je lui ordonnai de quitter mon domaine et elle partit vers la lisière, mais resta s'endormir au pied d'un arbre.
Après un jour, je réapparus devant elle pour lui demander pourquoi elle ne quittait pas ces lieux,
ce à quoi elle répondit par quelque chose approchant le problème auquel tout surnaturel était confronté : vivre caché ou aller dans une Ombre. Je lui offris alors, faisant table rase des événements passés, la possibilité de rester ici, un temps au moins si elle ne perturbait pas l'équilibre, et qu'elle ne passait plus les limites du sanctuaire. Elle partit, prétendant qu'elle n'était pas un chiot.
Alors que je m'enfonçai dans l'obscurité du bois dans l’hiver, j'entendis tout à coup un hurlement de loup. Je repris une forme physique, sortis du bois et découvris la louve, les pattes prises dans des dents de métal, des humains la menaçant. Je ne pouvais pas laisser des humains agresser un être surnaturel, et réagis, en me servant de mes pouvoirs fortement diminués pour les immobiliser et les faire fuir. Elle reprit forme humaine en murmurant quelques mots, blessée et s'évanouit. A ce moment là, je perçus l'ouverture d'un portail, tout proche, mais ne m'en occupai pas pour le moment.
Je l'emportai dans les bois, où je pus la soigner, et je pris son sac, d'où provenait l'énergie du portail, il s'agissait effectivement d'une petite ombre « portable », une pièce, comportant quelques meubles. Je fermai le sac, et la déposai près d'un arbre qui la couvrait de ses racines pour la soigner. Ceci fait, je la déposai dans le lit qui se trouvait dans la petite Ombre du sac, et attendis son réveil.

VI- Le Temple :

Alors qu'elle ouvrit les yeux, sa guérison et le temps avaient fini par attiser sa faim, et nous dûmes nous rendre au temple qui « protégeait » la forêt pour y trouver de quoi se restaurer. Les moines me connaissaient, et la présence d'une autre créature « divine » les honora grandement. Ils lui offrirent volontiers à manger, tandis qu'elle semblait très mal à l'aise en ces lieux. Mais cette gène disparut bien vite alors qu'elle engloutissait un à un les plats qui lui étaient proposés.
Puis elle partit. Le calme revint dans la forêt... pour quelques mois encore.

VII- Sentiments :

Alors que le printemps avait fait renaître mon être en cette année 1986, je perçus de nouveau cette présence aux abords de ma conscience, présence qui se dirigeait tout droit vers mon sanctuaire. Était-ce de la provocation ? Je me rendis à sa rencontre et je fus à la fois surpris et touché lorsqu'elle m'annonça qu'elle ne voulait que me remercier de l'avoir sauvée et souhaitait m'inviter.
Nous allâmes donc dans la grande ville de Asahikawa, où se trouvait le restaurant dans lequel elle avait réservé notre table. Je mangeais par politesse, mais appréciais surtout son geste.
Elle profita de la soirée pour boire, et en quantité, et je dus la porter jusqu'à un hôtel qui appartenait à Nuve Ambaro dans la ville. Je la déposai délicatement dans le grand lit pour la laisser dormir, comptant lui laisser profiter d'un peu de repos, mais alors que je tentai de me redresser, elle s'accrocha à moi, et je tombai dans le lit. Contraint de rester, je passai un bras sur elle, et la laissai s'endormir contre moi. Je finis par sombrer également dans le sommeil, ma tête tombant sur l'oreiller, contre la sienne.
Le lendemain, je sentis un regard posé sur moi, et, ouvrant les yeux, je la trouvai assise sur le bord du lit, me fixant avec un léger sourire. Elle se laissa tomber sur moi et colla son front sur le mien, ne sachant pas trop comment réagir, je ne bougeai pas.
« -Tu sens bon. »
En réponse à mon silence, elle se retourna en se recroquevillant.
Les sentiments jusque là ténus finir par me faire agir plus comme un réflexe que de ma propre volonté : je vins me coller dans son dos, et embrasser son cou.
Mais tout à coup mon esprit reprit le dessus, et je m'écartai, troublé, confus. Je savais évidement ce que l'amour pouvait représenter, mais je n'en avais été jusque là qu'un témoin, je ne l'avais vécu qu'à travers les êtres qui vivaient dans ma forêt.
Tout à coup j'en prenais conscience et cela n'était pas aussi simple que ça en avait l'air.
Mais les doutes s'évanouirent quand elle vint se coller dans mon dos pour m'embrasser à son tour.

VIII- Destinées :

Nous nous enlaçâmes quelques heures, mais elle partit. Son instinct reprit le dessus, et rester trop longtemps, s'attacher à un lieu ne lui plaisait guère. Elle partit donc mais en me promettant de revenir un jour me conter ses voyages. Le lendemain, elle quittait déjà le Japon et mes affaires m'appelaient déjà, mais ce fut un printemps magnifique pour les Grands Bois du Nord d'Hokkaido qui connurent une explosion de fleurs dans toute les montagnes.

Nuve Ambaro grandissant, nous devions l'organiser pour permettre son fonctionnement tout en la camouflant habillement derrière plusieurs masques économiques et politiques. Aussi les mois qui suivirent furent bien remplis, mais je ne quittais le Japon que pour quelques jours à la fois, afin de rencontrer les autre membres de Nuve Ambaro.
On me confia également une nouvelle mission : comme nous grandissions et que nous fortifions nos défenses, nous pouvions accueillir de nouveaux membres, d'autres créatures dont la vie était mise en danger par les activités humaines. En 1987, Nuve Ambaro ouvrit ses portes à d'autres créatures que les Harekawas et gagna encore en puissance et influence.

IX-Voyages :

Dans l'année 2012, je pris la tête de la section Europe de Protego. Ma forêt était déjà bien protégée, et je ne risquais rien en la quittant physiquement pour quelques temps. De plus, m'en éloigner allait fortifier mon être, qui, en dehors de ces bois, était bien plus faible, et quasi aussi vulnérable que le corps d'un humain. Je passai quelques temps en Allemagne, puis en Irlande et enfin en France, où des esprits et créatures avaient sollicité notre aide.
Je découvris également les effets d'un éloignement sur la durée avec ma forêt, et le manque de pouvoir magique que je subissais. De plus, au bout de quelques mois, je ne pouvais plus changer de forme physique que dans les espace naturels, qui pouvaient me redonner un peu de forces.
En ce début d'année 2015, j'habite donc dans une grande villa au bord de l'Atlantique en Bretagne, où je dois encore gérer une histoire de terrain avec une troupe de Korrigans.